Livre
Lorsque l’on ouvre un livre de Jack-Alain Léger, on ne sait
jamais sur quelle facette de l’écrivain on va tomber. Tour à tour romancier,
chroniqueur, penseur, traducteur, il écrit aussi sous les noms de Melmoth,
Dashiell Hedayat, ou Eve Saint-Roche.
Son « Vivre me tue » signé Paul Smaïl avait défrayé la
chronique à sa sortie, au début des années 80.
« L’heure du tigre » sonne comme un titre de série
B. Et c’est bien cela.
La vie d’Abel Young ? C’est l’insouciance d’une
jeunesse consacrée à l’escalade des plus belles parois rocheuses et à l’amour
de sa vie la belle Johanna. À la mort d’Elliot Ernest Emerson, magnat de la
presse, Abel se révèle être son fils caché et hérite de son empire. Il laisse
alors Chamonix pour se retrouver à la tête du magazine le plus en vogue du
moment, non sans susciter de la part de sa belle-famille jalousies et envies.
Envoyé en reportage au Viêt-Nam, il est pris malgré lui dans la spirale
meurtrière de la guerre. Sa belle-famille en profite pour le déposséder de son
héritage.
Abel revient malgré tout, après de longues années de
détention pour se venger. On revisiterait presque alors le Comte de
Monte-Cristo… Mais au-delà des clichés ultra classiques, l’auteur pose un
regard sans concession sur la guerre et nous replonge dans cette époque des
années 60/70, intellectuellement si riche et ça marche !
Aidée par une écriture efficace et précise on se laisse
emporter par l’histoire pour finalement dévorer ce roman d’une seule traite.
La liberté, la joie et la rage de vivre se cachent derrière
l’escalade en montagne comme à la grande époque des américains à Chamonix. Les
allusions à la grimpe s’égrainent au fil des chapitres avec comme point d’orgue
la première de la face Sud du Fou. L’hommage est tout de même rendu à Gary
Hemming quand l’auteur le cite parmi les spectateurs alors qu’Abel escalade le
building où siègent les bureaux de son groupe de presse.
L’heure du Tigre
Jack-Alain Léger
Édition Robert Laffont