lundi 30 novembre 2015

Cratères du Mont Cameroun, le Char des Dieux

L
es pays du Golfe de Guinée sont un espace tampon entre l'Afrique Noire et l'Afrique du Nord. Loin des enlèvements, des exactions et de la terreur qu'impose l'Acmi. C'est l'Afrique des pauvres, de la surpopulation. L'Afrique oubliée des catalogues des agences de voyages. Dans cette palette chromatique dominée par les tons glauques, un pays se distingue avec ses yeux pers, une Afrique en miniature, le Cameroun.

Cratères
du Mont Cameroun,
le Char
des Dieux


V
oilà le temps des brochures des agences de voyages qui revient. Des photos vues des centaines de fois. Des nouveautés qui n'en sont pas, des voyages inédits aux départs assurés.
Des sentiers dressés comme les lions d'un cirque à force d'être battus.
Je veux du nouveau, de l'aventure, de la vraie, de la boue, de la moiteur, de la découverte…
De l'aventure !
Celle où l'on plonge corps et âme. Celle où l'on ne sait pas dans quelles conditions on va dormir. Celle où un déplacement en minibus devient un vrai voyage. Celle qui réserve des surprises en ouvrant le robinet de la salle de bain d'une chambre d'hôtel cafardeuse.
Oui en fait c'est cela !
Je veux voyager.

P
our cela, il n'y a pas d'autre alternative que de prendre les choses en main, choisir une destination oubliée et pour assurer un départ, jouer les commerciaux, les ambassadeurs… Constituer un groupe.
Une fois de plus, c'est vers l'Afrique, que mes yeux lorgnent. Mon doigt stoppe insidieusement la rotation du globe terrestre. Le hazard fait bien les choses. Hazard ? Vous avez dit hazard ? Comme c'est bizzare.
Une vision floue du continent me fait pencher vers l'Afrique de l'Ouest, le golfe de Guinée, le Cameroun… le Mont Cameroun.

Le souffle des Dieux

Le plus laborieux reste à faire : Décider quelques amis pour constituer un groupe. Alors, je m’y colle. Téléphone et liste de contacts.
Vincent sera le plus difficile à convaincre, c’est un mystique.
- Allô Vincent, ça te tentes ?
- Bof
Je m’en doutais, il faut jouer sur le concept, sur l'aspect mythique d'un tel voyage.
- Si si... attends, laisse-moi te raconter. Imagine, un aller simple, un itinéraire de rêve, une ligne fabuleuse tracée par les anciens qui croyaient que les dieux utilisaient le souffle du volcan pour se déplacer.
Une superstition séculaire qui trouve ses racines dans les entrailles de la terre africaine.
- Ah ?
Il commence à mordre, j’enfonce le clou car je le sais féru d'histoire.
Francis Richard Burton en 1861 fût le premier à en faire l'ascension avec le botaniste Gustav Mann. Cet explorateur anglais avait déjà à son palmaresse la découverte du Lac Tangananyika en
1858 ! Ce qui n'est tout de même pas rien !  C'est quasi à Richard Francis Burton que tu dois la première traduction des contes des Mille et Une Nuits et du fameux Kâmasûtra que tu caches dans ta bibliothèque. Burton est aussi un des premiers européens a faire le pèlerinage à La Mecque.
10 jours hors du temps... Une petite aventure... Sur les traces des plus grands explorateurs. L'ascension d'un sommet volcanique de plus de 4 .000 mètres d'altitude. Il n'en faut pas plus pour que Vincent se décide :

- Ah! Et c’est quand ?

Forêt humide, source de vie

Et voilà, et d’un ! c’est une affaire qui marche, suivant : Pascal.
Pascal : facile ! Il faut lui parler des grands espaces. De l'extraordinaire végétation tropicale et équatoriale.
Alors mon argumentation porte sur les étapes clefs. Dès le premier jour d'ascention, tu vas cheminer dans la forêt – que seule la langue anglaise arrive à qualifier sans faire peur – la rain forest !
Entre les tropiques du Capricorne et du Cancer, chaleur, pluies abondantes et lumière constante permettent à la flore d'exprimer toute son exhubérance. Cette forêt abritent plus de 75% de la biodiversité mondiale. Elle était très certainement le refuge des premiers habitants du Cameroun bien avant Jésus Christ, des chasseurs-cueilleurs nomades pygmées.
Aujourd'hui, sur les flancs du volcan, elle abrite un petit éléphant menacé d'extinction. Car tu verras que les pentes de la montagne sont un labirynthe de sentiers de braconniers, de débardeurs, et de cultivateurs.
Puis les jours suivants entre 3.000 et 4.000 mètres d'altitude tu déboucheras dans la savane, sèche et irréelle du plateau sommitale. Ca et là des bouches éruptives hoquettent encore quelques fumerolles et sur la dernière coulée de lave de 1999, la végétation n'a pas encore repris ses droits – seules quelques fougères bravent vigoureusement le désert minéral et l'altitude.
Je lui parle encore de ce fameux Botaniste : Gustav Mann qui donne son nom à la seule source d'eau et auprès de laquelle nous établirons notre campement.
 - Ok, Ok n’en rajoute pas, laisse un peu de place pour la découverte : bien sûr que je viens.

Eau et gaz à tous les étages… enfin presque !

Et de deux !
Une fille maintenant : la belle Caroline.
- Oui je t’assure tout est très bien organisé.
Il y a des tentes… Enfin, des tentes… Pas des North Face de luxe… Tu sais qu'il est toujours agréable de dormir à la belle étoile et justement là-bas le ciel est pur sans lumière parasite, idéal pour observer les étoiles.
- Oui, il y a un cuisinier. Enfin, tu sais un coup de main est toujours le bienvenu et tu sais tellement bien faire la cuisine même sur un petit feu de bois sans cuisinière électrique.
- Oui, après les campement nous irons à l'hôtel. Pas de soucis pour ta douche… Enfin, tu sais l'alimentation en eau et en électricité des villages est capricieuse. Si les pompes sont en panne, il faudra se débarbouiller dans une bassine d'eau froide.
Sur les 50.000km de route que compte le Cameroun seulement 5.000 sont asphaltés, ce qui relativise l'absence d'eau chaude dans toutes les douches.
- Non, il ne fait pas trop chaud.
Le pays est situé entre l'équateur et le tropique du Cancer. Il est donc sujet aux deux climats, équatorial et tropical. L'alternance de saisons sèches et saisons des pluies est très marquée. En partant cet hiver nous mettons toutes les chances de notre côté pour bénéficier d'un temps agréable sans pluie et chaleur étouffante.
- Non, ce n'est pas dangereux.
Le mont Cameroun est le dernier édifice volcanique continental de l'épine dorsale camerounaise. Il s'élève à l'extrème sud-ouest du pays. Son activité volcanique est avant tout fumerollique, tout comme sur les volcans des îles du golfe (Sao Tomé et Principe, Bioko et Annobon) ou plus au nord dans les Monts Manengouba. Et l'on restera assez éloigné du lac de cratère Nyos qui entra en éruption limnique en 1986 et fit plus de 1.700 victimes. Quand bien même, en 2011 une équipe de scientifiques a installé les dernières colonnes de dégazage prévenant ainsi une autre éruption meurtrière.
Dans le sud du pays, il n'y a pas de conflit inter-ethnique – pourtant plus de 250 ethnies différentes composent le patchwork humain du pays.
Pas de guerre, loin du Sahara où l'Acmi s'agite encore. Paul Biya vient d'être réélu à la présidence de la république, il l'est depuis 1982 ! Et tu verras le pays s'est construit après la décolonnisation européenne, il garde étrangement une partie francophone et une autre anglophone.
- Non, ce n'est pas…
- …
- Non…
- …
- Oui.. tu viens ?

Les Lions du Cameroun
Et hop aux suivants :
Manu est un adepte des magazines "People". De la vie des stars… il connaît tout ou presque. 
Pour lui, la région qui a inspiré le début du film : Tarzan, la légende de Greystock avec Christophe Lambert c’est sans hésitation : oui.
La chute d’eau d'Ekom-Nkam, haute de 80 mètres ; il l'a vu 93 fois en DVD, aussi est-il partant pour plonger dans un décor de cinéma. Il rêve d'approcher les derniers gorilles du pays, mais nous n'aurons pas le temps cette fois-ci. L'occasion d'un prochain voyage ?
Il enchaîne.
Yannick Noah est né en France mais il reste très attaché au pays de son père. Il est d'ailleurs très proche du président Paul Biya et soutient l'association de la femme du président Chantal Biya : Unis pour Vaincre.
Finalement Manu mène notre conversation téléphonique.
Il y a aussi Calixthe Belaya, l'écrivaine sulfureuse qui a fait beaucoup parler d'elle en ayant une liaison avec Michel Druker.
Tu connais me dit-il ?
Une autre écrivaine que j'adore ! Léonora Miano ! Tu connais ? Il faut absolument que tu lises "La saison de l'ombre". Elle vient de recevoir le prix Fémina pour ce roman qui donne une autre vision de la traite négrière.
Et puis- j'allais l'oublier ! hurle-t-il. Il y a Manu Dibango et son saxophone ! Il me fait écouter un morceau pendant qu'il vaque sûrement à d'autres occupations, je raccroche avant qu'il ne reprenne le combiné et qu'il me cite tous les joueurs de l'équipe de foot, "Les Lions du Cameroun", de leurs derniers exploits en Coupe d'Afrique des Nations : prenant pour acquis sa participation.

Les crevettes de la renommée

Ludovic est plus “culturo-histoire” : ça tombe bien, car si le Cameroun est un jeune pays, la République Fédérale du Cameroun est née officiellement en 1961 à la suite de la décolonisation française et anglaise. Son histoire est très riche.
On sait que dès le XVème siècle les portugais venaient pêcher le long des côtes du golfe de Guinée. En s'aventurant dans l'estuaire du Wouri, ils constatairent que les eaux étaient particulièrement riches en crevettes. Aussitôt ils baptisèrent le fleuve, "Rio dos Camaroes" (la rivière aux crevettes) que les marins anglais se chargèrent de transformer en "Camarones".
Après les portugais, ce sont les hollandais et les allemands qui s'installèrent sur ces terres propères de la traite négrière. Les allemands établissent alors un protectorat.
Camarones devient "Kamerun", et les premières grandes plantations (hévéas, bananiers, caféiers…) voient le jour.
Il faut attendre la fin de le première guerre mondiale et la destitution du protectorat Allemand pour que la Société des Nations confie le pays aux anglais et aux français.
Aujourd'hui l'organisation du pays repose sur une administration calquée sur la France, en tenant compte des chefferies et des royaumes qui le composent. Les chefs sont très influents dans la politique générale et locale. D'ailleurs un circuit au Cameroun ne s'envisage pas sans leur rendre visite. Ce que nous ne manquerons pas de faire en arrivant dans les villages.
Ludovic est rassuré et adhère au programme.

Et de Cinq pour notre petit club.

Terres promises

Quant à Odile et Marc, ce sont les contacts avec les gens qu’il faut mettre en avant.
Quoi de mieux qu'un pays de traditions orales pour les convaincre. Comme le raconte très justement l'ethnologue Nigel Barley dans son premier livre sur son expérience au Cameroun "L'antropologue en déroute", si l'on donne la parole à un conteur – il la garde sans vous la rendre !
Le Cameroun est une mosaïque de plus de 250 ethnies. Les Peuls sont majoritaires avec les Kirdis et les Bamilékès, mais chaque groupe minoritaire possède ses coutumes, son architecture et sa propre langue. On trouve encore au sud du pays une poignée de pygmées qui vivent traditionnellement reclus dans la forêt tropicale.
Le Cameroun est aussi une terre d'asile pour les exilés et les réfugiers des pays avoisinant comme le Rwanda, la République Centrafricaine, le Tchad… D'après le Haut Commissariat aux Réfugiés, le pays accueille actuellement plus de 14.000 personnes.
L'envers du décors : des milliers de camerounais tentent leur chance vers la France. Ici tout le monde connaît quelqu'un, ou a quelqu'un de la famille qui a fait le grand voyage.
Pour les uns, la France est un pays où l'argent coule à flot, pour les autres, le travail est au coin de chaque rue. La France est la terre promise.
Alors pour convaincre Odile et Marc, il suffit de leur parler de ces contacts chaleureux, des longues palabres avec les chefs de villages. De l'ambiance bon-enfant des rues de Yaoundé, le vendredi soir, quand les dandies sortent pour être vus dans leurs beaux costumes colorés et faits sur mersure. Quand les filles vont au dancing, maquillées comme des voitures volées en se frayant un passage entre les hordes de marchands ambulants. Leur raconter que les agriculteurs sont toujours prêts à cueillir une banane pour l'offrir aux visiteurs en échange de quelques mots.

Pour eux, la destination est idéale, ils feront donc parti du voyage.

A
ller un p’tit dernier pour la forme. Jeff, sympa mais râleur.
- Allo Jeff ? Une semaine de… ça te tente ?
- Ah tu pars en Cappadoce…
- Ok et bien bon voyage nous c’est parti pour l’Afrique.

Et voilà je compte 7 et moi 1, ce qui fait 8. Parfait voilà un petit groupe. Un petit tour sur le site d'Allibert-Trekking, les seuls à proposer ce circuit (mais pour combien de temps encore ?) et en dix minutes tout le monde est inscrit.
Elle est pas belle la vie ?

Voilà c'est fini. Retour en France.

Cette paranthèse de sueur, de poussière, de sourires, d'immensité est terminée. Cette histoire de voyage en accord parfait avec la cacophonie des attentes des membres d'un groupe est déjà transformée en anecdoctes croustillantes, en souvenirs édulcorés.

Ce voyage restera au-delà de nos espérances, ancré dans nos semelles et nos carnets de bord.

Il y a eu des transferts en minibus bondés et surchargés, des crevaisons, des pannes, des routes cabossées et des pistes défoncées. Nous avons même perdu une roue ! Fort heureusement au démarrage, juste après un arrêt "photos", personne n'a été blessé et un garagiste n'était pas loin pour réparer les dégats.
Il y a eu de nombreux contrôles routiers. La police, la gendarmerie et autres administrations stoppent les véhicules, vérifient les passeports et attendent un petit billet en retour. Ici, là-bas, on appelle cela "payer la bière".
Il y eu les sièges plastifiés qui ventousent les cuissent au moment de se dégourdir les jambes ou d'acheter des bananes sur le bord de la route. Les trous et les bosses de la piste que l'on ramasse sur le crâne le temps de s'assoupir.
 
Il y a eu le vent, les nuages, et l'ivresse du sommet.
Les paysages dadaïques de la montagne. Oui ceci est un volcan !
Il y a eu des aller et retour avec les charges de nourriture sur nos épaules. Manu a porté toutes les tentes sur un dénivelée de plus de 1000 mètres, un porteur sautillant joyeusement avec son sac à ses côtés tout en lui faisant la conversation dans les montées les plus raides. Certains cultivateurs qui délaissent leurs champs pour gagner quelques CFA en se faisant porteur ont tout simplement flanché.
Il y a eu cette plante étrange et urticante comme du sumac que nous n'avons pas pu réellement identifier mais qui a laissé des traces indélébiles sur les jambes fuselées de Caroline.
Il n'y a pas eu d'eau chaude – ni même d'eau tout court - dans les douches de l'hôtel. Heureusement la rivière n'était pas loin pour nous laver de la boue et de la poussière volcanique.
Il y a eu le marché de Douala, coloré, animé, mais au combien tendu quand un groupe de blanc bardé d'appareils photographiques est jugé un peu trop voyeur.
Il y a eu l'ambiance festive et burlesque de l'arrivée de la Course de l'Espoir : un trail si dur qu'il n'est pas inscrit au programme international des grandes courses.
Il y a eu l'accueil des chefs, conteurs nés dans un pays de traditions orales. Ce qui signifie des après-midi entières à les écouter discourir des sociétés secrètes. Ne s'interrompant que pour poster un commentaire ou une photo sur Facebook avec leur Smart phone … Quand la modernité télescope la tradition.

Il a eu ces couchers de soleil embrasant l'horizon. La lumière africaine est unique et universelle à la fois.
Il y a eu le surbooking de l'avion de retour – enfin plus exactement -  l'avion de la veille n'avait pas pu décoller à cause d'un problème technique. Il était cloué au sol en attendant un technicien spécialiste. Les passagers de la veille pensaient naturellement être prioritaires pour ce vol… Une sacrée pagaille !
Il y a eu les repas dans les rues de Yaoundé, animation, marchandage, poisson grillé et bière fraîche.
Il y a eu tant d'autre chose qu'il vous faudra franchir le pas et les découvrir par vous-même.










D
epuis ce voyage, Pascal ne pense plus qu'à une seule chose : réunir des fonds pour aider à la sauvegarde des Gorilles Cross River. Ces gorilles sont les primates les plus menacés sur terre. Ils sont classés dans la catégorie des espèces en danger d'extinction. Il ne reste que 150 individus qui vivent en petits groupes dans la forêt tropicale sur la frontière du Cameroun et du Nigeria.
Odile et Marc ne sont pas rentrés avec nous, ils ont tous deux profité d'un congé solidaire pour aider à combattre la première cause de mortalité sur place, le paludisme. Ils parcourent la brousse de village en village pour jouer des pièces de théâtre mettant en scène les méthodes de prévention simple.






vendredi 27 novembre 2015

Réservez vos places !

- T7LH
Inde himalayenne - Inde

Réserver
DU ZANSKAR AU CHANGTANG
Prix à partir de : 3995 € 
Durée : 26 jours
Satisfaction : nombre
de note insuffisant
Trekking - Niveau 5 Liste des niveaux
Sans thème
  • Une immersion totale au petit Tibet entre Ladakh et Zanskar. 
  • 17 jours de trekking : une aventure rare.
  • Les monastères somptueux du Ladakh.
  • Thantak et Shadey, villages du Zanskar oubliés du monde.