mercredi 25 mars 2015

Portrait d'un serial killer

C'est dans la zone comprise entre les deux tropiques – destinations favorites de nos vacances qu'un Serial Killer guette les habitants et les voyageurs. Ce tueur sanguinaire attend tapis dans les endroits les plus sombres que la nuit tombe… pour frapper.
On compte 3 millions de personnes assassinées par an, soit un mort toutes les 30 secondes !
Cet espace entre les tropiques recense à lui seul plus de 900 millions tentative de meurtre.
Qui donc est capable d'un tel massacre ?
Qui est responsable de ce génocide ?

Ce "serial killer" n'est autre qu'un simple moustique. 
Un anophèle pour être précis. Un moustique porteur d’un parasite de l’espèce des plasmodiums. La femelle transmet ce parasite aux hommes dès le crépuscule et durant toute la nuit en se nourrissant de leur sang.
Ce parasite est plus connu sous le nom de paludisme ou de malaria.

Étymologie de l'entomologie 
On doit la découverte de la cause de la maladie à Alphonse Laveran en 1880. Jusqu’à cette date, on pensait que la fièvre des marais (étymologiquement en latin, paludisme = marais) se contractait en respirant le mauvais air ambiant de ces biotopes (malaria = mauvais air en italien).
Ce n'est que 17 ans plus tard qu'un médecin anglais du nom de  Ronald Ross prouve que le moustique est le vecteur du mal.
Avant cette découverte, le paludisme tuait sans que personne ne sache vraiment d'où venait le mal. Maintenant on sait !
Aujourd'hui, l'Organisation Mondiale de la Santé estime que si la prévalence du paludisme continuait à son rythme actuel, le taux de mortalité pourrait doubler dans les vingt prochaines années.

Que fait la police ?
Elle s’organise et agit en secret : un vaccin pourrait voir le jour très prochainement. Malheureusement, sa fabrication est onéreuse.
De plus la commercialisation d'un tel vaccin n'est pas rentable puisque dans le cas précis, la maladie se développe dans des pays que l'on nomme  "en voie de développement" - donc pas solvable financièrement.
Les recherches continuent tout de même afin de rassurer les milliers de touristes, les hommes et les femmes d'affaires qui partent chaque année entre les tropiques.

Au secours des OGM !
Les scientifiques travaillent parallèlement sur d’autres pistes pour combattre le fléau.
En juillet 2010 une équipe de l’Université d’Arizona a modifié génétiquement une femelle anophèle. Cette mutante est armée pour détruire le parasite de son corps et donc incapable de transmettre la maladie.
Mais comment remplacer dans la nature les anophèles naturels par ceux issues d’un laboratoire ?
De plus le gène marqueur de la maladie persiste jusqu’à 16 générations de moustiques.
Les chercheurs explorent d'autres pistes. Ils songent à introduire des mâles stériles dans les populations de moustiques.
Objectivement; il semble utopique que le paludisme soit éradiqué grâce à des mâles stériles avant que le voyageur puisse retourner visiter Tombouctou !

Artillerie lourde
Le DDT a été dans les années 1960 considéré comme l'arme absolue contre les moustiques. On connaît aujourd'hui les effets de ce produit. Il est non seulement persistant mais aussi bio cumulatif : les animaux qui l'ingèrent, ne l'éliminent pas et le stockent dans leurs graisses. Tout le monde sait que ces mêmes animaux entrent à un moment ou un autre dans la chaîne alimentaire de l'homme.
À la même période, en Israël, les autorités ont testé une solution radicale : répandre du pétrole dans les marais !
Avec le recul des années, il va de soit que "Quand on a du pétrole, on n'a pas de bonnes idées !"
En France, le paludisme a été éradiquée au fil des ans en asséchant les marécages et l'on ne compte aujourd’hui qu’une petite quarantaine de cas contractés… à proximité des aéroports.

Eco- logique
Les écologistes prônent la réintroduction des chiroptères dans certain écosystème : une chauve-souris peut manger la moitié de son poids en insectes en une nuit.
Ils explorent avec le soutien des scientifiques l'hypothèse qu'en introduisant certains poissons ou mollusques prédateurs des anophèles, dans les étangs infestés, le palud diminuerait.
Des méthodes à utiliser avec parcimonie car on connaît les effets d'une ingérence écologique de l'homme. L'Afrique se réveille à peine de son cauchemar de la perche du Nil.


Prévention plutôt que guérison
Pourtant des méthodes simples et peu onéreuses existent pour protéger les populations locales de ce fléau.
Une simple moustiquaire imprégnée longue durée (environ 5 ans) d'insecticide est la solution à court terme. Toutefois son prix de 2 euros reste un frein à sa diffusion dans les pays dit en voie de développement.
Est-ce vraiment cher quand on sait que le coût économique du paludisme pour l'Afrique est estimé à 12 milliards de Dollar ? 


Le voyageur, quant à lui, trouvera dans les pharmacies de bons répulsifs. Si il les conjugue à une protection vestimentaire adaptée (manches longues, pantalons, et chaussette), il sera protégé.

D'une manière plus générale, il en parlera à son médecin pour définir avec lui le meilleur traitement médicamentaire en fonction de la destination choisie. Et ce même touriste éco-responsable laissera ses médicaments non-utilisés dans le dispensaire local.

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