mercredi 9 décembre 2015

Les tribulations d’un grimpeur en Egypte

 Il y a  plus de 210 ans - exactement le 21 juillet 1798, Napoléon haranguait ses troupes  par la phrase devenue célèbre :
- « Soldats, du haut de ces pyramides, 40 siècles vous contemplent ! »
Enfant, sur les bancs de l’école communale, quand Mlle Martin narrait cet épisode de l’histoire de France, j’imaginais Bonaparte juché sur le pyramidion de Mykérinos, Khephren ou mieux encore de Kheops.
À la récréation, avec quelques amis, nous rejouions la scène à tour de rôle, du haut de la cage à poules.
Plus tard sur internet, j’ai vu et « entendu » Nicolas Sarkozy murmurer à Carla :
- « Femme, du haut de ces pyramides, 400 photographes me contemplent ! » 
Les images du journal télévisé montraient clairement qu’il n’y avait personne en haut des pyramides, ni le président, ni sa femme, ni les photographes…
J’ai réalisé alors que Napoléon non plus ne l’avait pas fait !

 AÏE
Cet hiver, je suis allé en Egypte avec la ferme intention de grimper la face nord de Kheops.
Confirmation qu’il ne pouvait y avoir personne au sommet, un panneau est placé à la base de l’édifice. On peut y lire dans un arabe parfait « no climbing ».
Sarko et Napo ne sont pas des hooligans ou des punks attardés – ils n’ont pas pu braver les interdits…
Moi ? heu un peu… Au moins jusqu’aux deux tiers.
Quand la police touristique m’a relâché, j’ai pu continuer mon voyage.

On m’avait parlé d’un champ de bloc pharaonique dans le désert. Des champignons, des tours, des formes fantasmagoriques… Des blocs s’étendant sur des kilomètres carrés. Vierge de tous topos : le désert Blanc…
Déception : ces blocs sont en craie, ça ressemble aux meringues que ma mère essaye de faire cuire depuis qu’elle a acheté un four high-tech. C’est très fragile. De plus, le secteur est un parc national, donc : « No climbing » !





Pour ne pas perdre totalement mon temps et mes vacances, je profite du paysage et décide de faire un petit tour à pied - ça s’appelle un trek. Dans ce Fontainebleau sans forêt, je me plais à imaginer que ces blocs blancs en craie sont les homologues de nos blocs noirs en grès, le yin et le yang de l’escalade. L’équilibre parfait.

Et tout d’un coup, je réalise que tout cela est bien vrai.

Devant moi, aucun doute possible c’est le Bilboquet ! Symétrie absolue en négatif – un moule.

Champignon, Champolion, champion 
Napoléon a fait mouler les plus beaux blocs du désert blanc pour ensuite les  disséminer dans la forêt de Fontainebleau. Au retour de sa campagne, dans les soutes des navires, ces moules étaient calés par un obélisque et un gros caillou gravé (il fera plus tard le bonheur d’un petit gars) et quelques babioles de l’Egypte antique.

Cela confirme bien ce que j’imaginais quand Mlle Martin nous expliquait que l’empereur glissait sa main dans sa redingote…
Il soulageait une déchirure abdominale qu’il s’était faite lors d’un essai dans le Toit du Cul du Chien.

Bonaparte était un grimpeur.




Vous doutez encore ?
Alors laissez-moi conclure sur une interrogation :   pourquoi la route Napoléon dans les Alpes ?
Réponse :
Comme beaucoup de Parisiens, Bonaparte s’entraînait dans -  ce qu’il est convenu d’appeler après l’affaire des moules -  « Bleau », en vue d’aller se frotter aux sommets alpins. En se faisant construire cette route, il réduisait ses temps de déplacement et retournait ainsi plus vite, dans les bras de sa belle.

Quand on est empereur… On peut tout se permettre !

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