Quand Marc m’a demandé de choisir une
destination de voyage de noce, j’ai bien compris que par ce moyen détourné, il
se décidait enfin à me demander en mariage.
J’ai
répondu tout de go, un :
-
“Oui bien sûr je t’aime” à la demande en mariage.
Mais à vrai dire ce n’était pas nouveau,
nous vivons ensemble depuis 3 ans et nous en parlions depuis quelques temps.
Donc, le problème du mariage réglé, c’est la deuxième partie de la question qui
m’a demandée un peu plus de réflexion. Il fallait répondre vite pour ne pas se
laisser imposer une destination farfelue comme en a le secret Marc.
L’année dernière j’ai eu droit au Tour des
Annapurnas au Népal. Pas le tour de monsieur tout le monde... l‘intégral s’il
vous plaît, sanctuaire et Thonrong Pass compris. Au total 25 jours de trek et 24 nuits de lodges pour
seulement 5 douches froides. J’ai mis plus de trois mois à m’en remettre. Et
encore... aujourd’hui mes mollets sont toujours de la taille de ceux de Lans
Armstrong, anabolisants compris. Je n’ose plus mettre mes bottines bordeaux à
lacets et ma jupe 3/4 fendue très haut que j’aime tant et qui me fait la taille
fine.
Mais
tu t’égares ma Céline tu parles de trop. Concentres-toi sur ce qu’il a dit :
Il
a dit : Noce. Ça c’est réglé
Il
a dit : Voyage de noce...
Vite
vite réfléchis ma fille!...
TROPIQUES ET SABLE CHAUD
Je pense...
je rêve... sable chaud... plages... douce moiteur des tropiques...
Longues
balades romantiques sur une plage déserte au soleil couchant. Un verre de
Tequila Sunrise à la main, le petit parasol du cocktail dans les cheveux. Et
pour finir mon film, des nuits plus torrides que dans 9 semaines 1/2.
L’image
des Caraïbes s’impose tout de suite à mon esprit, mais comme pour contrarier
cette première impression une image des plages du Pacifique se superpose. C’est
très compliqué... vite vite répondre car Marc, en face de moi, baguettes en
l’air, dans ce restaurant VietNamien, n’attend que ma réponse avant que son
canard à l’orange ne refroidisse.
Tropique
- plages - océan - mer chaude...
Caraïbes - Pacifique ... dilemme ... Caraïbes-Pacifique. Tic tac tic
tac... vite, vite... il faut que je sois originale, pas un de ces spots où l’on
retrouve tous les jeunes mariés de la terre.
-
COSTA RICA!
J’ai
annoncé cela comme une candidate de
“Questions pour un champion” en appuyant très fort sur le rouleau de
printemps-buzzer servit dans mon assiette.
Costa
Rica...
La
première chose à faire le lendemain, c’est bien sûr, d’appeler ma copine
Corinne.
-
Allô tu sais quoi?
-
Non?
Je
lui raconte...
COSTA
RICA t’es folle ma fille! J’ai vu un
reportage à la télé il y pleut souvent, les volcans sont en activité et c’est
plein de bêtes sauvages très bizarres...
Mais
je ne l’écoute déjà plus, les dés sont jetés...
Et
puis les volcans en activité c’est mon truc il y a quelques années déjà en Fac
de géologie je passais toutes mes vacances à essayer de ramener à mon prof
“the” échantillon de phonolite ou la plus belle photo d’éruption du
Stromboli...
-
En route cocotte!
C’est
exactement cela, sous une cape de pluie
ou engoncé dans un gore-tex, on transpire, on surchauffe comme une cocotte
minute. Il ne m’a fallu que trois jours pour comprendre ce phénomène et y
remédier.
Trois
jours passés sur les volcans de la cordillère centrale qui domine la vallée où
s’étend la capitale du pays : San José.
Le
Poas et l’Irazu sont tous deux accessibles en voiture. Depuis le parking, il ne
faut pas plus de 15 mn de marche à pied pour pouvoir admirer leurs cratères
encore fumants. Ils ont en commun d’être deux strato-volcans dont un des
cratères au moins est occupé par un lac. Celui du Poas est d’un bleu profond et
ses eaux sont extrêmement acides. En 1989, ce lac que nous avons devant les
yeux n’existait pas. A sa place gisait un phénomène unique sur terre : une mare de 2 mètres de diamètre de soufre
liquide.
En
plus de l’activité fumerollienne je suis la seule à apercevoir un genre de
petit geyser, Marc est peu vexé d’avoir raté cela. Il boudera tout le reste de
la journée pendant les intéressantes balades que nous ferons dans le parc.
LE VOLCAN ET LE PRESIDENT
Les
eaux du lac de l’Irazu sont beaucoup moins acides. Nous avons la chance de voir
le lac vert émeraude lors d’une grande et belle éclaircie matinale. Nous
apprenons d’un des gardes rangers du parc naturel que ce volcan de 3 432 m
était particulièrement actif il y a 40 ans. Il nous raconte en particulier
l’éruption importante du 19 mars 1963. San José, 3000 mètres plus bas se
retrouva sous une pluie de cendre noire alors que le président John F. Kennedy
était en visite officielle dans la capitale du Costa Rica
Aujourd’hui
je marche sereine, j’ai la parade, j’ai un parapluie. Je l’ai acheté hier au
marché de San Isidro. Il est assez grand pour protéger mon sac à dos de la
petite pluie fine qui tombe depuis ce matin. Je peux grâce à lui prendre des
photos et je ne surchauffe plus. Pourtant ça monte. Deux milles mètres de
dénivelée pour rejoindre à 3 300m le refuge Crestones. Le lendemain au sommet
du Cerro Chirripo à 3 819 mètres d’altitude, le lever de soleil est une féerie
digne de mes imaginations les plus folles, nous avons les Caraïbes d’un coté et
en se retournant la côte Pacifique.
Le
Cerro Chirripo est considéré comme étant la montagne la plus au nord de la
Cordillère des Andes. L’autre bout c’est là bas, au sud, à Ushuaïa à plus de 7
000 kilomètres.
Sur
le chemin du retour, mais sans pouvoir le voir, nous entendrons le cri si
particulier du toucan.
Baignade
au soleil couchant dans l’Océan Pacifique... pourtant je ne suis pas très
rassurée, le parc national de Manuel Antonio jouxte la plage et aujourd’hui
nous avons eu tout le loisir d’observer la faune si particulière du Costa Rica.
Des paresseux, des boas, des coatis, des singes et des caïmans... nous avons pu
tout voir grâce à Maurillo un guide naturaliste. C’est un tout petit parc mais
nous y retournons demain car Maurillo nous a assuré que nous verrons un couple
de quetzal. Ils nichent toujours non loin de leur arbre préféré : l’avocatier.
Les fruits n’ont rien à voir avec ceux que l’on mange chez nous ils sont beaucoup
plus petits. Les quetzals les avalent tout rond et recrachent ensuite le noyau.
Forêt
primaire et mangrove se mélangent dans ce parc pour donner libre cours à une
nature néotropicale exubérante, quand les gros animaux se cachent il y a
toujours à voir des dizaines d’espèces d’orchidée et des papillons multicolores
à la taille démesurée.
LE ROMANTISME DU CAÏMAN
Ce
soir balade romantique le long de la plage...
Enfin
romantique... plutôt au rythme des Hola! Que tal ? car les Ticos (c’est ainsi
que l’on nomme les habitants du Costa Rica) sont un brin dragueur... Ce qui dit
en passant n’est pas fait pour me déplaire au grand dame de Marc. Il faut bien
attiser le feu de temps en temps...
Nous apprenons de la serveuse du restaurant
où nous dégustons un “casado” (plat national à base de poisson ou viande
accompagné de riz, haricots noirs, légumes, et de bananes plantains) que les
conditions météorologiques du Rincon de la Vieja, un autre volcan actif situé
au nord du pays, sont un peu spéciales. Les vents sont violents et le sommet est
souvent sous les pluies d’altitudes, ceci est dû à son isolement par rapport
aux autres montagnes. Mais comme nous pouvons observer ici divers phénomènes
volcaniques comme les solfatares, les geysers et les sources chaudes. nous projetons quand même d’y aller.
Une fois n’est pas coutume nous aurons de
la chance et nous pourrons voir les deux lacs qui occupent les cratères
sommitaux, entre deux passages nuageux. Un de ces lacs change de couleur il
passe du blanc laiteux au bleu pale suivant la lumière. L’autre se nomme très
justement : Laguna Dante, et il faut faire attention aux émanations de gaz en
s’en approchant.
Non
loin de la zone de solfatare, au pied du cône volcanique, une source d’eau
chaude nous accueille pour un bain divin.
Marc
fait la tête, il voulait aller directement à l’Arenal, mais j’ai (encore et
comme toujours) gagné. Nous sommes en septembre et j’ai lu dans mon guide que
la nidification des tortues vertes de l’Atlantique s’étale de juillet à
octobre, alors nous faisons le détour par la plage de Tortuguero.
Lampe
frontale et petite laine, nous n’attendons pas longtemps, la nuit vient à peine
de tomber que comme par enchantement la plage est envahie par des centaines de
tortues...
Marc
en est bouche béé et pour enfoncer le clou je lui lance un : “Tu vois je te
l’avais bien dit!” (je n’ai pas pu m’en empêcher).
Ensuite
le “lodge” est somptueux, un vrai théâtre de lune de miel et je rappelle que
c’est la cas....
Je
suis scotchée par le spectacle des projections et des coulées de lave de
l’Arenal, scotchée et trempée jusqu’au string, car hypnotisée par les
explosions j’en ai oublié mon parapluie.
PURA VIDA
La
dernière grande éruption de ce volcan date d’août 2000, mais depuis presque
quarante ans le volcan est en activité permanente. Aujourd’hui encore l’Arenal
est en forme, du “mirador” où je me trouve, le grondement des éruptions vous
secoue la cage thoracique. Le son arrive avec un décalage par rapport au feu
d’artifice des projections incandescentes de lave.
Il
est interdit de faire l’ascension de l’Arenal et les rangers qui patrouillent
régulièrement dans le parc vous le rappellent gentiment, de toute façon le
meilleur endroit pour profiter du spectacle c’est bien là, et pour que la magie
soit totale : la nuit c’est encore mieux.
“Pura
vida” l’expression fétiche des “ticos” est imprimée sur une affiche 6x4 dans
l’aéroport, enfin une publicité non mensongère, le Costa Rica c’est vraiment la
“pure vie”.
Bon
d’accord comme destination de lune de miel il y a moins humide.
Encore
que... Ne dit-on pas ? Mariage pluvieux,
mariage heureux !