lundi 14 mars 2016

Mariage pluvieux... Mariage heureux

Quand Marc m’a demandé de choisir une destination de voyage de noce, j’ai bien compris que par ce moyen détourné, il se décidait enfin à me demander en mariage.
J’ai répondu tout de go, un :
- “Oui bien sûr je t’aime” à la demande en mariage.
     Mais à vrai dire ce n’était pas nouveau, nous vivons ensemble depuis 3 ans et nous en parlions depuis quelques temps. Donc, le problème du mariage réglé, c’est la deuxième partie de la question qui m’a demandée un peu plus de réflexion. Il fallait répondre vite pour ne pas se laisser imposer une destination farfelue comme en a le secret Marc.
     L’année dernière j’ai eu droit au Tour des Annapurnas au Népal. Pas le tour de monsieur tout le monde... l‘intégral s’il vous plaît, sanctuaire et Thonrong Pass compris. Au total  25 jours de trek et 24 nuits de lodges pour seulement 5 douches froides. J’ai mis plus de trois mois à m’en remettre. Et encore... aujourd’hui mes mollets sont toujours de la taille de ceux de Lans Armstrong, anabolisants compris. Je n’ose plus mettre mes bottines bordeaux à lacets et ma jupe 3/4 fendue très haut que j’aime tant et qui me fait la taille fine.

Mais tu t’égares ma Céline tu parles de trop. Concentres-toi sur ce qu’il a dit :
Il a dit : Noce. Ça c’est réglé
Il a dit : Voyage de noce...
Vite vite réfléchis ma fille!...

TROPIQUES ET SABLE CHAUD
     Je pense...  je rêve... sable chaud... plages... douce moiteur des tropiques...
Longues balades romantiques sur une plage déserte au soleil couchant. Un verre de Tequila Sunrise à la main, le petit parasol du cocktail dans les cheveux. Et pour finir mon film, des nuits plus torrides que dans 9 semaines 1/2.
L’image des Caraïbes s’impose tout de suite à mon esprit, mais comme pour contrarier cette première impression une image des plages du Pacifique se superpose. C’est très compliqué... vite vite répondre car Marc, en face de moi, baguettes en l’air, dans ce restaurant VietNamien, n’attend que ma réponse avant que son canard à l’orange ne refroidisse.


Tropique - plages - océan - mer chaude...  Caraïbes - Pacifique ... dilemme ... Caraïbes-Pacifique. Tic tac tic tac... vite, vite... il faut que je sois originale, pas un de ces spots où l’on retrouve tous les jeunes mariés de la terre.
- COSTA RICA!
J’ai annoncé cela  comme une candidate de “Questions pour un champion” en appuyant très fort sur le rouleau de printemps-buzzer servit dans mon assiette.
Costa Rica...
La première chose à faire le lendemain, c’est bien sûr, d’appeler ma copine Corinne.
- Allô tu sais quoi?
- Non?
Je lui raconte...
COSTA RICA t’es folle ma fille!  J’ai vu un reportage à la télé il y pleut souvent, les volcans sont en activité et c’est plein de bêtes sauvages très bizarres...
Mais je ne l’écoute déjà plus, les dés sont jetés...
Et puis les volcans en activité c’est mon truc il y a quelques années déjà en Fac de géologie je passais toutes mes vacances à essayer de ramener à mon prof “the” échantillon de phonolite ou la plus belle photo d’éruption du Stromboli...

- En route cocotte!
C’est exactement cela,  sous une cape de pluie ou engoncé dans un gore-tex, on transpire, on surchauffe comme une cocotte minute. Il ne m’a fallu que trois jours pour comprendre ce phénomène et y remédier.
Trois jours passés sur les volcans de la cordillère centrale qui domine la vallée où s’étend la capitale du pays : San José.
Le Poas et l’Irazu sont tous deux accessibles en voiture. Depuis le parking, il ne faut pas plus de 15 mn de marche à pied pour pouvoir admirer leurs cratères encore fumants. Ils ont en commun d’être deux strato-volcans dont un des cratères au moins est occupé par un lac. Celui du Poas est d’un bleu profond et ses eaux sont extrêmement acides. En 1989, ce lac que nous avons devant les yeux n’existait pas. A sa place gisait un phénomène unique sur terre :  une mare de 2 mètres de diamètre de soufre liquide.
En plus de l’activité fumerollienne je suis la seule à apercevoir un genre de petit geyser, Marc est peu vexé d’avoir raté cela. Il boudera tout le reste de la journée pendant les intéressantes balades que nous ferons dans le parc.

LE VOLCAN ET LE PRESIDENT 
Les eaux du lac de l’Irazu sont beaucoup moins acides. Nous avons la chance de voir le lac vert émeraude lors d’une grande et belle éclaircie matinale. Nous apprenons d’un des gardes rangers du parc naturel que ce volcan de 3 432 m était particulièrement actif il y a 40 ans. Il nous raconte en particulier l’éruption importante du 19 mars 1963. San José, 3000 mètres plus bas se retrouva sous une pluie de cendre noire alors que le président John F. Kennedy était en visite officielle dans la capitale du Costa Rica

Aujourd’hui je marche sereine, j’ai la parade, j’ai un parapluie. Je l’ai acheté hier au marché de San Isidro. Il est assez grand pour protéger mon sac à dos de la petite pluie fine qui tombe depuis ce matin. Je peux grâce à lui prendre des photos et je ne surchauffe plus. Pourtant ça monte. Deux milles mètres de dénivelée pour rejoindre à 3 300m le refuge Crestones. Le lendemain au sommet du Cerro Chirripo à 3 819 mètres d’altitude, le lever de soleil est une féerie digne de mes imaginations les plus folles, nous avons les Caraïbes d’un coté et en se retournant la côte Pacifique.
Le Cerro Chirripo est considéré comme étant la montagne la plus au nord de la Cordillère des Andes. L’autre bout c’est là bas, au sud, à Ushuaïa à plus de 7 000 kilomètres.
Sur le chemin du retour, mais sans pouvoir le voir, nous entendrons le cri si particulier du toucan.

Baignade au soleil couchant dans l’Océan Pacifique... pourtant je ne suis pas très rassurée, le parc national de Manuel Antonio jouxte la plage et aujourd’hui nous avons eu tout le loisir d’observer la faune si particulière du Costa Rica. Des paresseux, des boas, des coatis, des singes et des caïmans... nous avons pu tout voir grâce à Maurillo un guide naturaliste. C’est un tout petit parc mais nous y retournons demain car Maurillo nous a assuré que nous verrons un couple de quetzal. Ils nichent toujours non loin de leur arbre préféré : l’avocatier. Les fruits n’ont rien à voir avec ceux que l’on mange chez nous ils sont beaucoup plus petits. Les quetzals les avalent tout rond et recrachent ensuite le noyau.
Forêt primaire et mangrove se mélangent dans ce parc pour donner libre cours à une nature néotropicale exubérante, quand les gros animaux se cachent il y a toujours à voir des dizaines d’espèces d’orchidée et des papillons multicolores à la taille démesurée.

LE ROMANTISME DU CAÏMAN
Ce soir balade romantique le long de la plage...
Enfin romantique... plutôt au rythme des Hola! Que tal ? car les Ticos (c’est ainsi que l’on nomme les habitants du Costa Rica) sont un brin dragueur... Ce qui dit en passant n’est pas fait pour me déplaire au grand dame de Marc. Il faut bien attiser le feu de temps en temps...

     Nous apprenons de la serveuse du restaurant où nous dégustons un “casado” (plat national à base de poisson ou viande accompagné de riz, haricots noirs, légumes, et de bananes plantains) que les conditions météorologiques du Rincon de la Vieja, un autre volcan actif situé au nord du pays, sont un peu spéciales. Les vents sont violents et le sommet est souvent sous les pluies d’altitudes, ceci est dû à son isolement par rapport aux autres montagnes. Mais comme nous pouvons observer ici divers phénomènes volcaniques comme les solfatares, les geysers et les sources chaudes. nous  projetons quand même d’y aller.
     Une fois n’est pas coutume nous aurons de la chance et nous pourrons voir les deux lacs qui occupent les cratères sommitaux, entre deux passages nuageux. Un de ces lacs change de couleur il passe du blanc laiteux au bleu pale suivant la lumière. L’autre se nomme très justement : Laguna Dante, et il faut faire attention aux émanations de gaz en s’en approchant.
Non loin de la zone de solfatare, au pied du cône volcanique, une source d’eau chaude nous accueille pour un bain divin.

Marc fait la tête, il voulait aller directement à l’Arenal, mais j’ai (encore et comme toujours) gagné. Nous sommes en septembre et j’ai lu dans mon guide que la nidification des tortues vertes de l’Atlantique s’étale de juillet à octobre, alors nous faisons le détour par la plage de Tortuguero.
Lampe frontale et petite laine, nous n’attendons pas longtemps, la nuit vient à peine de tomber que comme par enchantement la plage est envahie par des centaines de tortues...
Marc en est bouche béé et pour enfoncer le clou je lui lance un : “Tu vois je te l’avais bien dit!” (je n’ai pas pu m’en empêcher).
Ensuite le “lodge” est somptueux, un vrai théâtre de lune de miel et je rappelle que c’est la cas....

Je suis scotchée par le spectacle des projections et des coulées de lave de l’Arenal, scotchée et trempée jusqu’au string, car hypnotisée par les explosions  j’en ai oublié mon parapluie.

PURA VIDA  
La dernière grande éruption de ce volcan date d’août 2000, mais depuis presque quarante ans le volcan est en activité permanente. Aujourd’hui encore l’Arenal est en forme, du “mirador” où je me trouve, le grondement des éruptions vous secoue la cage thoracique. Le son arrive avec un décalage par rapport au feu d’artifice des projections incandescentes de lave.
Il est interdit de faire l’ascension de l’Arenal et les rangers qui patrouillent régulièrement dans le parc vous le rappellent gentiment, de toute façon le meilleur endroit pour profiter du spectacle c’est bien là, et pour que la magie soit totale : la nuit c’est encore mieux.

“Pura vida” l’expression fétiche des “ticos” est imprimée sur une affiche 6x4 dans l’aéroport, enfin une publicité non mensongère, le Costa Rica c’est vraiment la “pure vie”.
Bon d’accord comme destination de lune de miel il y a moins humide.
Encore que... Ne dit-on pas ?  Mariage pluvieux, mariage heureux !











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